Situation actuelle du marché

En dépit de la crise, le commerce de marchandises présente le niveau le plus élevé jamais enregistré

Le secteur tertiaire ayant fait l'objet de sévères restrictions dans de nombreux pays, la reprise économique a d'abord eu une forte incidence sur le commerce de marchandises. À l'heure actuelle, on constate que le commerce mondial n'a jamais enregistré un niveau aussi élevé. Il semble que le commerce mondial pourrait encore augmenter à l'avenir, puisque de plus en plus de pays lèvent de nombreuses restrictions.

Des goulots d'étranglement font augmenter les prix

Lorsque le commerce mondial enregistre une forte croissance en un temps relativement court, cela provoque souvent des goulots d'étranglement. Cela est déjà manifeste dans le prix des matières premières (figure 2), qui est traditionnellement corrélé à la croissance économique mondiale : le prix des matières premières a en effet nettement augmenté à la suite de la crise sanitaire. Depuis avril 2020, les matières premières comme l'acier, le cuivre et le minerai de fer, qui indiquent souvent la direction prise par l'économie mondiale, ont vu leur prix augmenter respectivement de 290, 205 et 227 %. L'indice boursier des matières premières de Bloomberg, qui présente un panier de matières premières plus important, se trouve à son niveau le plus élevé depuis onze ans.

Le pétrole, qui entre dans la composition d'un bon nombre de catégories de marchandises, a également vu son prix augmenter au cours de l'année passée. Cela est entre autres dû au fait que les membres de l'OPEP, et notamment la Russie, contrôlent le marché du pétrole d'une main de fer en réduisant leur production journalière d'environ huit millions de tonnes, alors que la demande de pétrole est justement à la hausse. Toutefois, cela n'est rien en comparaison avec la hausse enregistrée par les tarifs de fret, qui ne pourrait mieux illustrer ces goulots d'étranglement.

Une forte croissance à l'international fera s'envoler les prix encore plus haut, mais la normalisation de la consommation pourrait les faire redescendre par la suite

Il n'est pas prévu que les goulots d'étranglement du marché des matières premières disparaissent à court terme. Ils contribueront ainsi à maintenir à un niveau élevé le prix des matières premières et à faire augmenter l'inflation. Selon les indices PMI, qui prennent la température de l'activité des entreprises, ces dernières sont bloquées par les goulots d'étranglement. Cela ne fait qu'aggraver la situation, car les entreprises commandent en excédent, afin de faire face à d'éventuels problèmes de livraisons. En fin de compte, les chaînes d'approvisionnement internationales n'étaient pas préparées à voir la composition de la consommation passer très rapidement d'une combinaison de prestations de services et de marchandises à des marchandises uniquement.

Il est prévu que l'économie mondiale enregistre une croissance de 5,5 % en 2021, soit l'un des taux de croissance les plus élevés depuis les années 1970. En soi, cela indique que la forte demande de marchandises continuera. Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons toutefois pu constater que le commerce de marchandises a pris une position dominante en raison des restrictions sévères pesant sur de larges pans du secteur tertiaire. Cela va changer au fur et à mesure que ces restrictions seront levées. Cela pourra déboucher sur l'augmentation de la consommation des prestations de service, qui fournira un tremplin naturel de croissance à la demande de marchandises, bénéficiant aux prestations de services telles que les voyages ou les expériences. Cela pourrait venir rétablir quelque peu l'équilibre. À court terme cependant, nous n'avons pas fini de voir augmenter les prix des matières premières.

Nous prévoyons par conséquent que le déficit de marchandises et l'augmentation du prix des matières premières continueront jusqu'à la fin de l'été. Au fur et à mesure que l'année avancera, un retour à la normale, ou presque, sera de plus en plus envisageable. Il ne faut cependant pas s'attendre à une chute spectaculaire des prix, puisque la considérable croissance économique mondiale garantit une certaine demande.

Cette analyse a été préparée par :

Kim Blindbæk, CFA
Économiste en chef

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